24 heures – 17/05/2015
François Barras
Dernier né des gyropodes, le Solowheel permet de faire son cirque sur le bitume. A 4, 3, 2 ou 1 roue, ces engins auto-stabilisés rencontrent un grand succès. Au point de prendre la loi de vitesse.
Surtout, ne pas tomber! En français, allemand, italien ou anglais, les passants du bord du lac marquent tous un temps d’arrêt et une petite interjection étonnée devant le spectacle: le dressage en moins de 5 minutes, si possible, d’une unique roue filant à 16km/h le long des berges. Surtout, ne pas tomber…
Mais on ne tombe pas. C’est là toute la prouesse technique de cette «solowheel», dernière venue dans la famille des gyropodes, ces véhicules électriques maintenus en constant équilibre par un système de stabilisation gyroscopique. De grandes entreprises ou des municipalités ont depuis longtemps adopté les premiers exemplaires de ces Segway, du nom de la société qui les lança sur le marché en 2001. L’exclusivité expirée, de nombreuses marques – principalement chinoises – rivalisent d’imagination pour inventer les nouvelles déclinaisons de cette technologie d’avenir.
Ainsi de ce «solowheel», le plus impressionnant des gyropodes, car dépouillé et à l’imagerie proche des acrobates de cirque. A l’allumage, la roue se tient seule en position verticale. Il suffit de poser ses semelles sur les deux cale-pieds latéraux, puis de pencher son corps légèrement en avant pour donner l’impulsion de départ. La difficulté paradoxale consiste à ne pas faire jouer ses propres réflexes de stabilisation, acquis à l’exercice du vélo ou du ski. La roue ne peut chuter: il s’agit de se détendre et d’imprimer subtilement la direction choisie. Facile, jusqu’au premier virage à 180°…
A Préverenges, Jean-Luc Mazzone a misé sur ces engins de mobilité urbaine. Sa société Skeye propose vélos en bambou, pliables et électriques, skateboards et trottinettes à moteur, gyropodes de toutes les formes et à tous les prix – beaucoup aux alentours de mille francs. Les curieux sont multiples et les clients nombreux, malgré le flou juridique autour de ces nouveaux véhicules.
Une carence qui sera comblée dès le 1er juin, puisque la nouvelle ordonnance sur la circulation les assimilera à des vélos électriques, leur ouvrant la voie aux espaces autorisés aux vélos ordinaires. Une mesure qui ne satisfait pas Jean-Luc Mezzone: la loi, basée sur le gyropode «standard» de la marque Segway, exigera une homologation de son engin avec frein, numéro de châssis, clignotant, etc. Une liste déjà obsolète ou impossible à appliquer pour les plus récentes nouveautés de ces objets en continuelle invention et amélioration.
«Alors que la révision de la loi se réclame pour une facilitation d’accès aux engins d’aide à la mobilité électrique, on interdit de facto la plupart d’entre eux.» A voir si la police fera du zèle dans l’application de la nouvelle réglementation: pour l’heure, les pandores ont surtout tendance à vouloir essayer pour eux-mêmes ces ovnis pour bitume.