Le Petit Journal – 13/02/2017
Clémentine COUZI
Engagée dans le développement durable, la capitale espagnole a vu se multiplier les modes de déplacements alternatifs à la voiture personnelle: trottinettes, segways, patins à roulettes, trottinettes électriques, « trixis » ont envahi les routes et les voies madrilènes. Remarqués pour leur côté écologique, ils soulèvent toutefois des critiques amenant à un désir de régulation de la part de la population. Zoom sur le débat actuel.
Dans le cadre de la rédaction de la nouvelle ordonnance municipale sur la mobilité, la mairie de Madrid a décidé, la semaine dernière, de mettre en place une consultation citoyenne sur divers points à partir de la page Internet Decide Madrid. Parmi eux, le débat sur les modes de transports électriques alternatifs prend une part importante. Les objectifs de la mairie sont clairs: augmenter la sécurité routière de tous les usagers pour éviter la surcharge d’accidents, donner la priorité au transport public collectif et au déplacement piéton et enfin réguler l’encombrement de la capitale.
De ce fait, la mairie souhaite consulter la population madrilène pour savoir comment mettre en place une régulation qui réponde aux principaux besoins. Il sera demandé aux citoyens s’ils souhaitent limiter l’accès de ces véhicules à certaines zones de la villes, s’ils souhaitent restreindre leur utilisation à la chaussée ou encore s’ils veulent les autoriser à circuler sur les trottoirs. Les Madrilènes auront trente jours pour se prononcer afin d’impulser la mise en place d’une réglementation.
La conquête des véhicules électriques
Depuis quelques années, les trottinettes électriques, les segways ou encore les patins à roulettes ont fait irruption dans les plus grandes villes européennes comme moyens alternatifs de se déplacer. Véritable gain de temps, notamment dans les villes encombrées par les embouteillages, c’est aussi leur côté écologique qui est mis en avant. Plus rapides que la marche à pied, mais suffisamment lent pour apprécier le paysage autour de soi, ces nouveaux véhicules sont désormais très appréciés des touristes pour découvrir une ville, à la fois pour leur côté durable, mais surtout pour leur côté ludique et agréable. Ce sont d’ailleurs les visiteurs qui utilisent le plus ces moyens de transports, entrainant le développement d’un véritable marché économique et touristique. Les magasins de location se multiplient et les propositions de routes touristiques affluent, contribuant à la croissance de leur utilisation.
Une coexistence difficile
Si les aspects positifs des trottinettes électriques ou des véhicules du même type sont à souligner, il faut également mentionner les problèmes soulevés par l’arrivée de ces nouveaux moyens de transports. En effet, à l’heure actuelle, Madrid n’a mis en place aucune législation les concernant, rendant leur utilisation totalement arbitraire. N’étant pas considérés par la Direction Générale du Trafic (DGT) comme des véhicules, ils ont la possibilité de circuler où bon leur semblent, notamment sur les trottoirs, rendant la cohabitation avec les piétons compliquée. Étant majoritairement utilisés par les touristes, la maîtrise de ces modes de déplacement est, dans certains cas, assez aléatoire avec un contrôle limité.
Il n’est ainsi pas rare que des accidents aient lieu, même si les agences de location encadrent généralement les touristes utilisant les segways par exemple, avec des guides les suivant le temps de leur balade. De ce fait, après un rapide tour des différents utilisateurs des routes de la capitale, les piétons les trouvent trop envahissants mais surtout dangereux et les conducteurs de voitures déclarent devoir être encore plus vigilants et prudents lorsqu’ils circulent sur les chaussées, notamment à cause de la différence de vitesse entre leurs deux types de véhicules. En ce sens, de nombreux utilisateurs de ces nouveaux moyens de transports demandent la mise en place de voies réservées pour eux, afin d’éviter toutes ces incommodités.
Le projet de la mairie de Madrid
Avec sa consultation citoyenne, la mairie de Madrid souhaite connaître le point de vue de sa population et ainsi mettre en place une législation qui soit la plus proche possible des besoins de chacun. Toutefois, l’idée est également de prendre exemple sur la réglementation élaborée par la mairie de Barcelone sur le même sujet, tout en étant moins strict. En effet, face à la présence de plus en plus importante des trottinettes électriques, la capitale de la Catalogne a pris des mesures drastiques visant à contrôler leur usage. Désormais, les segways ou trottinettes électriques ne peuvent plus circuler sur les trottoirs suite aux nombreux accidents qu’ils ont provoqué sur les piétons, leur utilisation est ainsi restreinte aux voies réservées aux vélos.
De même certaines zones de la ville leur sont désormais interdites, notamment le bord de mer et les plages. Enfin, l’utilisation de ces véhicules est interdite aux personnes de moins de 16 ans, le port du casque est également devenu obligatoire pour des mesures de sécurité. La maire de Barcelone, Ada Colau, s’est montrée très stricte sur la législation concernant ces nouveaux modes de transports. Concernant la mairie de Madrid, l’idée serait donc de s’inspirer de la réglementation barcelonaise tout en l’adaptant aux propositions des citoyens et à la capitale.