TDG – 13/03/2016
Aurélie Toninato
Ils sont encore loin d’avoir envahi les rues genevoises mais leur nombre croît peu à peu. Les «superpiétons» glissent sur le bitume, une roue entre les mollets, les pieds sur des cales. Ils se déplacent sur le plus petit véhicule du monde: un monoroue électrique affublé d’une roue gyroscopique qui peut atteindre 20 km/h et coûte entre 900 et 2000 fr.
Ces usagers ne peuvent toutefois circuler que sur les routes et pistes cyclables, et doivent être dotés d’une plaque d’immatriculation. Cette législation entrave le développement de ce transport, selon les aficionados. Trois Genevois ont créé une association suisse d’usagers, Swiss-Wheelers.ch. Questions à son cofondateur, Nicolas Saramon, spécialiste de ces engins des marques Solowheel et Gotway à Genève.
Pourquoi créer une association?
Pour promouvoir la pratique de l’engin, organiser des événements d’initiation et de découverte, ainsi que de sensibiliser les utilisateurs à une conduite responsable pour réduire les risques d’accidents. D’autre part, nous voulons promouvoir les commerces spécialisés afin de garantir un suivi sérieux sur ces monocycles électriques. De plus en plus d’engins peu fiables sont vendus, notamment sur le Web, et ils sont la cause d’accidents. Enfin, nous voulons organiser des réunions pour essayer de faire modifier la loi concernant l’utilisation du monocycle électrique sur la voie publique.
Pourquoi, selon vous, la législation actuelle pose-t-elle problème?
L’Office fédéral des routes exige que le monocycle électrique soit doté d’une plaque d’immatriculation. Pour l’obtenir, il faut qu’il soit homologué en Suisse, or il ne l’est pas. Cette démarche est impossible car les offices de contrôle exigent que l’engin ait une redondance de pièces, soit que chaque pièce nécessaire à la sécurité de l’usager soit présente à double. Le problème: le monoroue n’a qu’un seul moteur, installé sur le moyeu, et il est impossible d’en mettre un deuxième! C’est comme si on exigeait d’un vélo qu’il ait deux roues avant!
Alors actuellement, ces engins sont considérés comme illégaux en Suisse sur l’espace public. Pourtant, la demande ne cesse d’augmenter, nous en vendons de plus en plus, tout en précisant que leur usage est limité au terrain privé… Nous sommes le seul pays à être aussi restrictif, il faut que les autorités ouvrent les yeux. Soit on bride les machines et on les tolère sur les trottoirs, soit on les cantonne à la route et aux pistes cyclables, mais sans exiger la pose de plaque qui est techniquement impossible.
En quoi ce moyen de transport est-il intéressant?
Il offre une alternative pour diminuer la circulation en milieu urbain. Le monocycle électrique a une autonomie en moyenne de 35 km et se recharge vite. C’est un moyen de transport économique, peu encombrant, qui ne nécessite pas de place de parc et qui n’émet pas de CO2. C’est l’avenir! (TDG)