Le Nouvel Obs – 28/10/2015
Jean-Paul Lechevalier
91% des Parisiens se disent plus vulnérables à pied que lorsqu’ils se déplacent en voiture ou en deux-roues motorisés, selon un sondage Opinonway-MMA révélée par « 20 Minutes ». Un chiffre inquiétant, estime Jean-Paul Lechevalier, président de l’association « Les Droits du Piéton ». Un effort est à faire des deux côtés : piétons et conducteurs doivent être plus vigilants. Ses conseils.
Le trottoir, aussi anxiogène que la route
Ce sentiment d’insécurité s’explique surtout dans les grandes villes. Le piéton s’y sent plus fragile parce qu’il sait que traverser la chaussée est une action à risque mais pas seulement. Marcher sur le trottoir peut s’avérer tout aussi anxiogène.
Les intrusions de véhicules divers et non-autorisés, comme les deux roues, les gyroroues et autres trottinettes électriques provoquent une gêne et un sentiment diffus d’insécurité. Tout ça sans oublier les voitures qui stationnent illégalement sur le trottoir, un phénomène que l’on trouve moins qu’autrefois dans les grandes villes mais qui reste massif dans les banlieues et les petites villes.
Notons à ce sujet que la récente modification du Code de la route qui qualifie maintenant cette pratique de « stationnement très gênant » et la sanctionne avec un amende élevée, 135 euros, met en évidence le souhait du législateur de lutter contre ce phénomène.
Certaines pistes cyclables sont dangereuses
D’autres intrusions sur le trottoir, comme les terrasses et les étalages sauvages qui empiètent de manière abusives sur cet espace normalement réservé au piéton créent une frustration chez le promeneur, qui se voit relégué sur une portion du trottoir souvent sensiblement réduite.
Enfin, un autre facteur de risque provient de la pratique stressante pour les piétons dont usent les municipalités et qui consiste à créer des pistes cyclables sur les trottoirs en traçant deux traits de peinture pour les matérialiser.
Le piéton mal voyant ou non attentif sur le trottoir peut alors se trouver confronté à une circulation de vélos qui le surprend et suscite un sentiment d’agacement et de peur.
La faute des chauffeurs stressés
Une fois descendu du trottoir, le piéton est exposé à bien d’autres dangers. Les chauffeurs parisiens sont stressés, comme dans beaucoup de grandes villes. Ils adoptent de ce fait des comportements parfois inciviques et dangereux.
Le principal risque pour celui qui se déplace à pied est donc la traversée irrégulière de la chaussée. C’est à ce moment que plus de la moitié des accidents impliquant un piéton surviennent.
Les seniors sont d’autant plus menacés : 50% des piétons tués en ville sont âgés de 65 ans et plus, alors qu’ils représentent seulement un petit peu plus de 17% de la population.
La faute des piétons casse-cou
Le constat est décevant mais pas définitif. Il est possible de rendre Paris plus agréable mais surtout moins dangereux pour les piétons.
L’information répétée véhiculée par des campagnes peut favoriser un changement positif. La répression a également un rôle important à jouer. Pour ces deux types d’action, il faut beaucoup de volonté politique et les budgets qui vont avec.
Le sondage Opinonway-MMA affirme également que 95% des piétons Parisiens ont un comportement à risque. Là encore, ce chiffre parait très élevé, même s’il est certain que beaucoup de piétons ne font pas suffisamment attention, notamment lors de la traversée des chaussées. Pour certains, traverser n’importe comment est même une petite fierté.
Ce côté casse-cou est dangereux. Les piétons devraient au contraire se protéger au maximum en étant toujours attentifs.
Traverser le téléphone portable vissé à l’oreille est une mauvaise idée, par exemple. Tenter à tout prix d’attraper son bus peut également se révéler fatal. Chacun doit donc veiller sur lui-même. Pour les enfants, c’est aux parents de faire leur éducation. Il faut leur apprendre à ne pas courir sur les clous.