ANAIS MOUTOT
Les Echos – 27/02/2018
Le skate électrique s’est imposé an moyen transport populaire jeunes actifs grandes métropoles américaines.
Plusieurs start-up veulent faire passer le skate d’un sport extrême à un nouveau moyen de mobilité dans la ville. Quelques jeunes pousses françaises commencent à se positionner sur ce marché.
Les deux pieds fermement posés sur la planche en bambou, une télécommande Bluetooth dans le creux de la main pour ralentir ou accélérer, ils dévalent les rues de San Francisco. A côté des voitures, des bus et des vélos, le skate électrique s’est imposé depuis un an comme un moyen de transport très populaire chez les jeunes actifs dans les grandes métropoles américaines. Et le marché est en pleine ébullition ! Plus d’une douzaine de start-up, principalement californiennes et chinoises, se sont lancées sur ce créneau au cours des deux dernières années. En France, quelques jeunes pousses françaises comme Unikboards et Elwing Boards commencent à se positionner sur ce marché.
Le leader du secteur, Boosted Boards, situé à Mountain View (Californie), a été créé en 2012 par trois doctorants de Stanford en robotique. « J’en avais marre de parcourir à pied le campus de l’université et je me suis mis à utiliser un skate. Après quelques mois, j’ai cherché une option électrique : je n’ai rien trouvé donc je me suis dit que j’allais construire l’engin moi-même », raconte John Ulmen, le cofondateur et directeur technique de l’entreprise. Jim Rugroden, un autre étudiant, avait déjà construit un skate motorisé fonctionnant avec du carburant au début des années 1970, mais il était tellement bruyant que les législateurs californiens l’avaient rapidement interdit.
Le modèle de Boosted Boards utilise, lui, des batteries au lithium-ion et un moteur permettant de rouler sans faire de bruit jusqu’à 35 km/h, avec 19 kilomètres d’autonomie. L’entreprise, dans laquelle a investi le célèbre fonds de capital-risque Khosla Ventures, ne communique ni le montant des fonds levés ni ses ventes, mais assure qu’elles ont augmenté de 500 % l’année dernière.
Maillon du transport multimodal
En électrifiant les planches à roulettes, la jeune pousse espère faire passer le skate d’un sport extrême pratiqué par une petite communauté d’aficionados à un moyen de transport quotidien permettant de parcourir de petites distances en ville. « Plus petit et léger que le vélo ou la trottinette, le skate peut facilement être glissé dans un bus ou dans un train », souligne Jeff Russakow, le PDG de l’entreprise, qui veut faire du skate électrique un nouveau maillon du transport multimodal .
Plusieurs collectivités lui auraient témoigné leur intérêt pour cette solution alternative aux vélos en libre-service « qui commencent à poser des problèmes, les usagers les laissant un peu partout [[https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0301344060167-gobeebike-retire-ses-velos-flottants-du-marche-francais-2156286.php]] . L’avantage du skate, c’est qu’on l’emporte avec soi », déclare cet ancien vice-président exécutif de Yahoo!, qui a pris la tête de l’entreprise en juin dernier.
Les constructeurs automobiles s’y intéressent également : lors du salon de l’automobile de Pékin en 2016, Audi a présenté un modèle avec un compartiment contenant un longboard électrique au niveau du pare-chocs arrière. Des représentants de Volvo ont également contacté Inboard, une autre start-up, pour en savoir plus sur leurs skates, a indiqué l’entreprise à « Forbes ».
Démocratisation
Pour démocratiser leurs produits, ces sociétés doivent encore transformer l’image du skate, vu comme dangereux et nécessitant beaucoup d’entraînement. « 30 % de nos clients n’ont jamais fait de skate avant d’acheter notre produit, et 25 % n’en ont fait que 2 à 3 fois dans leur vie », rétorque Jeff Russakow, qui estime que son produit est beaucoup plus maniable qu’un skate traditionnel.
Le principal problème, selon Xavier Moleux, responsable des achats chez Altermove, un réseau de boutiques dédié à la mobilité électrique en France, est que « la majorité des personnes ne savent même pas que les skates électriques existent ».
Cette filiale de Mobivia va lancer dans les deux prochaines semaines des rayons dédiés aux skates électriques dans la moitié de son réseau, soit six magasins, dans l’espoir de mieux faire connaître le produit. Pour être plus qu’un marché de niche, les prix devront également baisser – les skates de Boosted Boards coûtent actuellement entre 1.200 et 1.500 dollars. Mais des modèles entre 500 et 900 dollars, produits par d’autres jeunes pousses comme Acton et Elwing Boards, voient désormais le jour.