Paris Match – 30/11/2016
Alain Spira
L’année dernière, nous avions testé la première version de cette trottinette électrique allemande. La cuvée 2016, entièrement revue et corrigée, fait pratiquement un sans faute.
Il est sans doute beaucoup plus viril, adulte et responsable de circuler en ville en utilisant un véhicule à moteur à combustion interne, bouffeur d’énergie fossile et recracheur de fumées délétères que juché sur une trottinette non polluante, insonore et inodore qui, de plus, est ludique, peu encombrante et plus rapide qu’une familiale engluée dans les embouteillages avec un seul passager à bord, son con… ducteur. Au volant d’un diesel à grosses particules ou d’une essence à fines particules, on a l’air beaucoup moins infantile et chochotte. Avec un flingue entre les pognes, ça le fait encore plus…
Ce petit préambule répond à la sortie de Michel Onfray qui a déclaré être en colère contre les gens qui font de la trottinette et qui symbolisent à ses yeux, le fait que «plus personne n’est adulte aujourd’hui!» Notre philosophe donneur de leçon aurait pu s’attaquer tout aussi bien aux vélos, patins à roulettes, skates et même… aux godasses! Un vrai homme avec un grand «H», ça va pieds nus! Oserait-il dire à un boxeur qu’il a l’air d’une lopette parce qu’il saute à la corde comme une gamine? Il est vrai que s’attaquer, seul, avec un fusil et des chiens, à de dangereux lapins, c’est beaucoup moins infantilisant et c’est un bien meilleur exemple pour la jeunesse qu’un papa qui s’amuse en allant au boulot sur son drôle d’engin à petites roues. Curieux pour un hédoniste… Qu’il n’essaie jamais la Citybug2S, il pourrait avoir une révélation…
Après le préambule, le déambule
Alors que la première mouture de la Citybug nous avait laissés sceptiques quant à son mode de fonctionnement et ses performances un peu juste, le nouvelle version dévoile ses améliorations en quelques mètres tant les différences sont saisissantes. Côté look, pas de changement avec ce carénage intégral élégant qui procure un sentiment de solidité que l’on ne retrouve pas forcément chez la concurrence. Toujours pas de compteur, mais un éclairage à LED fait son apparition à l’avant et à l’arrière qui fait également office de stop lorsque l’on actionne le frein à pied. Dommage que le guidon soit toujours fixe, repliable il aurait facilité le transport et le rangement. La grande nouveauté se situe au niveau de son moteur de 48V/350 W, intégré à la roue arrière, qui monte en puissance permettant, cette fois-ci, à la Citybug de dépasser allègrement les 20 km/h. Autre modification importante, l’adoption d’un pneu gonflable à l’avant qui améliore sensiblement le confort et la tenue de route. A condition, bien sûr, d’en contrôler régulièrement la pression.
La 2S, une Citybug sans bugs
Pour déverrouiller cette trottinette électrique, il faut tirer sur la manette située à la base de la colonne de direction, juste au-dessus des LEDs indicateurs de la charge de la batterie. Une opération simple mais qui ne peut pas se faire avec le pied comme sur d’autres machines. Alors que sur le premier modèle, il fallait pousser le guidon vers l’avant pour avancer, un peu comme sur les Segway, la S revient à un mode plus classique avec l’apparition d’une gâchette d’accélération placée sur la partie droite du guidon. A gauche, on trouve une poignée de frein type bicyclette. Mais ne vous y trompez pas, cette cocotte n’actionne pas des patins ou un disque, mais un système de freinage électro-magnétique qui manque de mordant. Comptez dessus pour vous ralentir, mais pas pour vous faire piler net. En cas d’urgence, il vous faudra, dare dare, pousser du pied sur le garde-boue arrière pour qu’en appuyant sur pneu, il stoppe l’engin dans un délai suffisant…
Une fois le contact mis grâce à un bouton poussoir auréolé d’une jolie teinte bleutée, un bon coup de mollet est nécessaire pour lancer la Citybug. La vitesse de 4 km/h atteinte, le moteur prend le relais sollicité par la gâchette. On retrouve la douceur de fonctionnement de l’Allemande, mais sans la relative mollesse de son aînée. La S n’est pas un foudre de guerre qui va vous tirer sur les bras, mais le moteur est vaillant et il vous emmène sans effort à sa vitesse maxima, soit environ 22 km/h. Profitant d’un bon couple, cette patinette high tech vous fera grimper n’importe quelle côte sans que vous ayez à mettre pied à terre. Evidemment, ses performances sont soumises au poids de l’utilisateur. Dotée d’un guidon réglable en hauteur avec une forte amplitude, la S convient à tous les gabarits.
Confortable, stable, rassurante, elle est idéale en usage quotidien, forte de ses 20 kilomètres d’autonomie (là encore, c’est une moyenne qui dépend du relief et de la masse à transporter) pour un temps de charge de 2h30. Avec un poids de 13 bons kilos, transporter la S dans le métro ou le bus est encore dans le domaine de l’acceptable. Si les ingénieurs pouvaient rogner quelques grammes, ça ne serai pas plus mal. Véhicule urbain de nouvelle génération, cette trottinette électrique n’a rien d’un jouet, même si son utilisation est ludique. Rapide, écologique, économique, sécurisante et soigneusement finie, la Citybug2S vous en donne largement pour les 899 euros qu’elle cous coûtera. Voyager au guidon de ce genre de machine, c’est toute une philosophie. N’en déplaise à certains…