Adrien Lelièvre
Les Echos – 05/03/2020
BMW et Daimler (maison-mère de Mercedes), via leur coentreprise Free Now, et Ford, via la start-up Spin, sont candidats à l’appel d’offres lancé par la Mairie de Paris pour sélectionner trois opérateurs de trottinettes électriques. Un symbole de leur virage vers les nouvelles mobilités.
Dans le jargon automobile, on appelle ça un tête à queue. Il y a un an, BMW et Daimler (la maison-mère de Mercedes) avaient déployé plusieurs centaines de trottinettes électriques à Paris sous la marque Hive. Leur ambition affichée ? Tailler des croupières aux licornes américaines Lime et Bird .
La capitale française était alors en plein « trottinettemania » – elle comptera jusqu’à douze opérateurs au printemps 2019. Mais, rapidement, la main invisible du marché a fait son oeuvre et envoyé plusieurs spécialistes de la micromobilité au tapis . Hive en fut l’une des premières victimes.
Qu’à cela ne tienne, BMW et Daimler annoncent, ce jeudi, qu’ils seront candidats à l’appel d’offres de la Mairie de Paris visant à sélectionner trois opérateurs de trottinettes vers le mois de juin. Les deux groupes affichent leur optimisme quant à leurs chances de succès.
Actionnaires puissants
« Nous venons de remporter un appel d’offres similaire à Porto (Portugal) », rappelle Jonas Gumny, directeur des opérations de Free Now, la joint-venture de BMW et Daimler spécialisée dans la mobilité urbaine. « Nous avons des actionnaires puissants et nous sommes là pour le long terme. Cela fait une grande différence par rapport aux entreprises concurrentes qui multiplient les levées de fonds. »
En cas de victoire à Paris, les engins à roulettes apparaîtront dans l’application de Kapten (ex-Chauffeur Privé), la plateforme de VTC passée dans le giron de BMW-Daimler. « Cette approche holistique vise à réduire la complexité pour les clients et rendra les nouveaux services de mobilité plus populaires », veut croire le dirigeant allemand.
Après leurs déboires avec les trottinettes Ninebot-Segway, les partenaires promettent de revenir dans la capitale avec un modèle du fournisseur Okai doté de batteries amovibles. Cette technologie, qui permet de réduire les coûts opérationnels et d’améliorer le bilan carbone, est en train de devenir la norme dans le secteur.
BMW et Daimler ne sont pas les seuls spécialistes de l’automobile à viser le marché parisien de la trottinette. Ford, qui a racheté la start-up Spin en novembre 2018 , sera aussi candidat. « L’appel d’offres de Paris est une opportunité d’entrer en France dans le cadre réglementaire qui nous paraît le plus responsable pour l’industrie de la micromobilité », fait savoir le groupe américain, qui opère dans 60 villes et 25 campus aux Etats-Unis.
Un marché convoité
Bousculés par le ralentissement mondial des ventes de voitures et les changements d’habitude des jeunes urbains, de plus en plus séduits par l’économie du partage, la plupart des géants de l’automobile cherchent à offrir de nouveaux services de mobilité, même si leur rentabilité est incertaine. « Les solutions alternatives comme Spin sont attrayantes pour les personnes qui veulent se déplacer plus facilement en ville », insiste la filiale de Ford.
Lime, la trottinette milliardaire
Dans un souci d’efficacité, les groupes automobiles préfèrent créer des joint-ventures (Free Now) ou racheter des start-up. Obtenir l’une des licences serait un joli coup pour BMW/Daimler et Ford. Car Paris est l’un des plus gros marchés dans le monde pour les trottinettes et le choix de la municipalité pourrait accélérer la consolidation dans le secteur .