Adrien Lelièvre
Les Echos – 29/04/2020
Les ventes de trottinettes électriques ont bondi de 105 % pour atteindre 478.000 unités en 2019. Un record. Le chiffre d’affaires de la filière de la micromobilité s’est élevé à 286,80 millions d’euros. Les engins de déplacement personnel sont de plus en plus utilisés pour les trajets du quotidien.
Après avoir hiberné pendant près de deux mois, les trottinettes électriques risquent d’être à la fête après le 11 mai. Car, loin des polémiques liées à l’arrivée dans les grandes villes des opérateurs du free floating (Lime, Bird, Dott, Voi, Tier, etc.), la croissance des ventes de trottinettes particulières se poursuit à un rythme effréné.
En 2019, 478.000 trottinettes électriques ont trouvé un acquéreur dans l’Hexagone, un chiffre en hausse de 105 % sur un an, selon le baromètre annuel de la FP2M et de Smart Mobility Lab. Les ventes ont plus que quadruplé en deux ans et ont été fouettées cet hiver par les grèves dans les transports publics (RATP/SNCF), qui ont poussé des citadins à passer en magasin.
Chiffre d’affaires record
« Le succès de la trottinette électrique s’explique par son côté pratique, sa facilité d’utilisation et sa portabilité. Elle permet de réaliser des distances plus longues et favorise l’intermodalité sous toutes ses formes », décrypte Jean Ambert, directeur de Smart Mobility Lab. Les ventes pourraient même être supérieures à celles du vélo à assistance électrique (338.000 en 2018), qui seront dévoilées dans quelques jours.
Les villes françaises frappées par la foudre des micromobilités
Au total, 1,861 million d’engins de déplacement personnel ont été vendus en 2019, dont 1,2 million de trottinettes mécaniques (+18 %), toujours aussi populaires chez les enfants. L’engouement pour la gyroroue (+31 %) se poursuit, même si les volumes sont plus faibles (5.500). En revanche, l’étoile de l’hoverboard pâlit (-267 %, à 82.000 unités).
Tiré par la fée électricité, le chiffre d’affaires de la filière a battu un nouveau record, à 286,8 millions d’euros (+21 %). Signe du changement des mentalités : le marché des produits destinés à la mobilité urbaine (194,1 millions d’euros) pèse désormais deux fois plus lourd que celui des loisirs (92,6 millions d’euros).
La trottinette, une arme pour le déconfinement
L’année 2019 a marqué un tournant dans l’histoire de la filière. Après des années de négociation, un décret a fait entrer en octobre les engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) dans le Code de route. Les véhicules commercialisés doivent être bridés à 25 km/h par construction. Leurs utilisateurs ont l’obligation d’emprunter les pistes cyclables en ville – quand elles existent – et doivent être âgés de plus de douze ans. Le port du casque n’est pas obligatoire.
Les trottinettes électriques ne sont pas plus dangereuses que les vélos
Impactés par les mesures de confinement, les professionnels espèrent un net rebond après le 11 mai. « Les trottinettes électriques offrent des garanties en période de crise sanitaire car elles permettent la distanciation sociale », rappelle Jean Ambert, qui met en garde contre « le risque de l’autosolisme » lié à la désaffection dont risquent de faire l’objet les transports en commun. Dans ce contexte, les professionnels réclament des aides à l’achat pour les engins de déplacement personnel, à l’image de celles qui sont offertes par de nombreuses collectivités pour le vélo.