Le Parisien – 12/11/2015
Ségolène Barbé
Après la vague des trottinettes, d’étonnants engins électriques débarquent dans nos villes. Nous avons testé les deux plus populaires.
C’était une première. Le 27 septembre dernier, voitures et motos ont été interdites dans plusieurs secteurs de la capitale : le centre historique, les bois de Boulogne et de Vincennes et plusieurs quartiers très touristiques (tour Eiffel, Montmartre…). Inspirée du Dimanche sans voitures organisé depuis plus de dix ans à Bruxelles, cette première Journée sans voitures marquait l’engagement de la capitale contre le dérèglement climatique, alors qu’elle s’apprête à accueillir la conférence internationale sur le climat COP21 (du 30 novembre au 11 décembre).
« En France, ce sont les transports qui émettent le plus de gaz à effet de serre, avec plus de 27 % des émissions », rappelle le collectif Paris sans voitures, qui milite depuis août 2014 pour l’organisation de cette journée symbolique. L’occasion pour les citadins de changer leurs habitudes, de redécouvrir leur ville à pied, à vélo, en rollers, en trottinette… ou grâce à l’un de ces nouveaux transports urbains non polluants qui fleurissent un peu partout dans les grandes villes.
« Les ventes ont triplé entre mai et juillet »
Lors de ses débuts, en 2001, le gyropode Segway faisait figure d’engin révolutionnaire : ce drôle de véhicule électrique, qui se conduit debout grâce à une plateforme à deux roues et un manche de maintien, permet de rouler jusqu’à 20 km/h avec une certaine stabilité. Son prix élevé (7 000 euros en moyenne) lui a valu un échec commercial relatif, mais sa technologie a inspiré, en 2011, la création de la roue gyroscopique qui semble promise à un avenir plus radieux. Cette roue électrique compterait déjà 30 000 utilisateurs dans le monde, dont la moitié en Europe, selon Solowheel, précurseur dans le secteur.
« Il y a un engouement pour ce mode de déplacement. Les ventes ont triplé entre mai et juillet 2015 », assure également Guillaume Bosc, qui vend environ 100 roues gyroscopiques, aussi appelées monocycles électriques, par mois dans la boutique E roue (Eroue.fr) qu’il a ouverte en novembre 2014, à Paris. « Nos clients sont en grande majorité des hommes, dont les trois quarts ont plus de 40 ans, poursuit-il. Pour eux, la roue remplace souvent le métro ou le scooter pour aller au bureau. Beaucoup de banlieusards l’utilisent aussi, en complément de la voiture : ils se garent plus loin de la gare, ce qui leur coûte moins cher en parking, et finissent leur trajet jusqu’au RER en roue… »
Depuis quelques semaines, sa boutique propose également des smart wheels, aussi appelés smart boards, engins ludiques, à mi-chemin entre le gyropode et le skateboard électrique, très populaires sur les réseaux sociaux et auprès des jeunes. Plus écolos, plus fun, plus pratiques… Ces nouveaux modes de déplacement sont-ils si faciles à apprivoiser ? Quels sont les atouts qui pourraient en faire les transports urbains de demain ? Pour le savoir, nous les avons testés.
Le monocycle, rapide et passe-partout
Modèle essayé : Gotway MCM2s 340.
Vitesse maximale : 27 km/h.
Poids : 10,8 kilos.
Autonomie : 30 kilomètres (pour deux heures de charge).
Prix : 939 € (modèles à partir de 500 €).
Notre avis : La roue gyroscopique (ou monocycle électrique), compacte, se glisse aisément sous un bureau, une table de restaurant, chez soi… Les pieds se posent de chaque côté de l’appareil et il faut se pencher en avant pour rouler, en arrière pour freiner. Ce modèle permet de traverser une grande ville et de monter des côtes de 20 % d’inclinaison. Les sensations de glisse sont agréables. La roue devient d’ailleurs un loisir prisé : organisation de randonnées, communauté sur Wheelers.fr. Un bémol : il faut d’une demi-heure à deux heures pour s’y faire ! Dès 15 ans.
Le smart wheel, stable et maniable
Modèle essayé : Smart Wheel QQ3.
Vitesse maximale : 12 km/h.
Poids Environ : 13,6 kilos.
Autonomie : 12 kilomètres (pour trois heures de charge).
Prix : 890 € (modèles à partir de 700 €).
Notre avis : Particulièrement ludique et intuitif, le smart wheel, planche électrique à deux roues s’articulant autour d’un axe central, est plutôt facile à manier : il faut se pencher légèrement en avant pour avancer, en arrière pour freiner et appuyer sur l’un des côtés pour tourner… Le modèle standard est très stable, mais attention toutefois aux vitesses excessives, peu compatibles avec sa réactivité ! Davantage utilisé pour les balades en famille ou entre amis, il franchit moins bien les trottoirs que la roue et prend plus de place. Popularisé par certains rappeurs américains, le smartwheel (baptisé aussi smart board ou twist board) séduit les ados. A partir de 8 ans.
Une nouvelle technologie au service des handicapés
Imaginé par Pierre Bardina, paraplégique depuis 1996 à la suite d’un accident de plongée, le gyropode assis Nino s’adresse aux personnes handicapées ayant gardé une bonne mobilité du haut du corps, ou aux personnes âgées. Un mouvement du buste permet d’avancer ou de reculer, tandis que le guidon s’incline à gauche ou à droite pour virer. Avec une autonomie de 20 à 38 kilomètres (pour trois heures de charge), le Nino supporte une pente de 20 % et roule à 9 km/h. Son prix : 6 900 euros.