Paris Normandie – 09/04/2016
Gilles Lamy
Transports. 100 % électriques, les trottinettes, skate-boards ou gyropodes font de plus en plus d’adeptes en ville. Plus que des jouets pour adultes, ils deviennent de véritables modesde déplacement.
Dans les villes normandes, ça roule pour les nouveaux modes de déplacement électriques !
n les voit passer sur les trottoirs. Ils slaloment sans un bruit entre les piétons qu’ils dépassent sans peine. Ils ont souvent passé depuis belle lurette l’âge de faire de la trottinette. Et pourtant… Après y avoir goûté, ils ne peuvent plus s’en passer. La trottinette, la roue gyroscopique ou les gyropodes (plus connus sous la marque emblématique Segway) séduisent de plus en plus les urbains.
« J’ai du mal à marcher longtemps et j’en avais marre de monter la côte du Mont-Gargan à vélo », explique Vincent, 66 ans. Il a découvert la roue gyroscopique il y a deux ans. Depuis, il l’utilise tous les jours. « Il m’a fallu deux heures sur le parking d’un supermarché pour apprendre à m’en servir. Depuis, je fais tout avec. Un coup de charge le soir, et je descends en ville jusqu’à quatre fois par jour. Je vais même au cinéma avec. Je peux rouler à 15 km/h, mais je dépasse rarement les 12 km/h ».
À Rouen, le magasin Mobilboard a ouvert en septembre dernier au 114 de l’avenue du Général-Leclerc. Le gérant, Thomas Gachet, vend des smartboard (des skates électriques), des roues (ou monocycles) électriques et organise des sorties en gyropodes. Mobilboard propose aussi des gyropodes sur lesquels on peut s’asseoir et des M. Sitter (vélos à trois roues), destinés entre autres aux personnes à mobilité réduite, et des rollers gyroscopiques.
Curieusement, dans une ville de « glisse » (nombreux adeptes, week-end dédié, ville adaptée…) comme Le Havre, aucune enseigne n’en propose.
Et le danger ? « Personne n’est encore passé sous une voiture », sourit Alexandre, le vendeur de Makadam Shop, 80 rue Beauvoisine à Rouen. Le magasin s’est spécialisé dans la trottinette électrique et vend ses premiers skates électriques, « plutôt à des jeunes, car ce n’est pas vraiment un moyen de déplacement ». Tout le contraire des trottinettes, devenus de vrais moyens de locomotion. Un an qu’Emmanuel, 38 ans, utilise la sienne tous les jours. « J’habite au Mont-Gargan et je travaille dans le quartier de la préfecture. En transports en commun, il me faut une demi-heure, le temps de rejoindre l’arrêt, d’attendre le bus. En trottinette, je ne mets qu’un quart d’heure ».
Sa trottinette roule jusqu’à 25 km/h. « Je n’emprunte quasiment que les pistes cyclables, explique Emmanuel, et si je n’ai jamais eu de souci, c’est une surveillance de tous les instants. Les piétons marchent sur les pistes, les automobilistes ne font pas toujours attention ». Payée 800 € il y a deux ans, sa machine n’est jamais tombée en panne.
Pas de problème avec la police ? « Une fois, j’ai emprunté une voie Teor sur quelques dizaines de mètres, des policiers m’ont rappelé à l’ordre ». À part ça, sa trottinette suscite plutôt de la curiosité. D’autant qu’il « gare » sa trottinette à côté de son siège, au bureau. « Elle pèse 9 kg, le poids d’un gros pack de lait ». Au départ, ses collègues ont été « étonnés, puis amusés et enfin intéressés ». Pour sa sécurité, s’il ne met pas de casque, il a installé un petit feu rouge à l’arrière. En revanche, « je n’ai pas trouvé d’assurance ».
Seule la pluie lui fait prendre le bus. Comme Thierry, 56 ans, président de Partenaires d’avenir, une agence de conseil en communication. Lui a choisi il y a deux ans un Segway. D’une part parce qu’il est très sensible à toutes les questions liées à l’environnement, et « parce que les transports en commun ne sont pas toujours pratiques, notamment le soir ou pendant les vacances scolaires ». Seule ombre au tableau, il lui faut soigneusement choisir ses itinéraires pour descendre de Mont-Saint-Aignan ou de Bois-Guillaume : trottoirs larges, munis de bateaux. « Ce n’est pas un gadget. L’intérêt par rapport au vélo électrique, c’est qu’il permet de rester habillé normalement, en emmenant quelques affaires, comme un ordinateur, dans un sac à dos. Et il peut rouler jusqu’à 20 km/h ».
De plus en plus accessibles, plus fiables qu’on ne le pense, ces nouveaux modes de transport semblent promis à un bel avenir. Au point que le ministère du Développement durable a créé une mission pour légiférer sur la question. « Aujourd’hui, la législation n’a pas encore évolué, indique Alexandre Canet, au cabinet du maire de Rouen. Nous nous en tenons aux textes de loi qui réglementent la circulation de ces nouvelles machines : les utilisateurs sont considérés comme des piétons, doivent rouler en priorité sur les trottoirs et les rues piétonnes et ne pas dépasser la vitesse de… 6 km/h ». Qu’on se rassure, la police municipale n’a encore jamais dressé de PV à un utilisateur trop rapide…