Tribune de Genève – 12/06/2015
Pascal Schmuck
Les trottinettes électriques, et surtout celles de nouvelle génération, s’arrachent. Mais ces modèles ne sont pas les bienvenus sur les trottoirs.
Elles ressemblent à des trottinettes traditionnelles, se plient comme des trottinettes traditionnelles mais elles ont un moteur électrique (dans la roue arrière) et une batterie intégrée dans le plateau.
Après les vélos électriques, ou e-bikes, voici que les trottinettes électriques (e-trott) se font également une place au soleil. Les ventes explosent, se réjouit un revendeur qui en a déjà placé plus de 1000 en trois semaines, principalement en milieu urbain. Il est actuellement en rupture de stock.
D’autres font également état d’une très forte demande, explique 20 Minuten dans son édition du 12 juin, mais ce succès suscite des craintes pour la sécurité. D’autant que les trottinettes électriques de nouvelle génération ressemblent aux modèles classiques. Mais les premières peuvent rouler jusqu’à 25 km/h et il existe pour le moment un vide juridique: où sont-elles autorisées à rouler?
Une question à laquelle ni les fabricants ni les revendeurs n’ont de réponse. Ainsi une entreprise zurichoise, dont le modèle d’e-trott coûte environ 1000 francs, recommande de le conduire comme un mini-scooter. Qui est autorisé sur les trottoirs.
Comme des motocycles légers
Se pose également la question de la limite d’âge. Celle-ci a été fixée à 14 ans pour les vélos électriques et les jeunes en dessous de 16 ans ont besoin d’un permis de vélomoteurs pour les utiliser.
Selon l’Office fédéral des routes (Ofrou), les véhicules avec une vitesse maximum de 25 km/h tombent dans la catégorie des motocycles légers, comme certains e-bikes. «Ce qui ne signifie pas que chaque e-trott soit autorisée à rouler dans la rue», prévient le porte-parole Thomas Rohrbach. Qui recommande aux fabricants de s’adresser à l’OFROU pour une évaluation de leurs modèles.
Danger pour les piétons
Quiconque roule sur un trottoir avec ce genre de modèle pourrait donc s’acquitter d’une amende de 40 francs. La piste cyclable apparaît à l’heure actuelle comme la meilleure solution. Les milieux politiques commencent aussi à s’intéresser au dossier, comme le conseiller national Thomas Hardegger (PS/ZH), également président de Mobilité Piétonne Suisse.
Il a demandé des éclaircissements dans une interpellation, afin de déterminer si une e-trott doit faire partie de l’espace piéton. Il craint en effet des accidents en hausse si les deux catégories se partagent le même cadre.
«Les piétons ne peuvent pas entendre lorsqu’une trottinette s’approche», a-t-expliqué. Il suffit de bifurquer pour entrer en collision. En outre, ces modèles «ressemblent à des jouets en dépit de leur moteur». Les piétons ne doivent pas sous-estimer la vitesse de ces engins. Pour Thomas Hardegger, le verdict est sans appel: le trottoir doit rester aux piétons.