TEST / Solowheel 1500 W : libéré, délivré, vous ne marcherez plus jamais
Après les gyropodes à deux roues, nous nous attaquons aux tests de gyropodes à une seule roue. Appelez-les comme vous voulez , monoroues électriques, monoroues tout court, e-roues, monocycles électriques, gyropodes à une roue… Toujours est-il que nous avons laissé passer l’hiver depuis nos premières tentatives et sommes fin prêts à nous attaquer à l’archétype et pionnier du genre : le Solowheel, ici dans sa version 1500W.
CARACTÉRISTIQUES
Autonomie annoncée : 20 km
Batterie : 58,2V, 4 Ah, 196 Wh
Poids : 11 kg
Temps de charge : 90 min
Vitesse maximale : 20 km/h
Puissance du moteur : 1500 W
PRÉSENTATION
Le Solowheel, c’est 11 kg de métal, de plastique, de pneu et d’électronique dans une coque de 48 cm de hauteur, 43 cm de profondeur et 20 cm de largeur (35 cm les repose-pieds déployés) et surtout, une promesse : faire de vous un super-piéton du XXIe siècle et accélérer vos trajets urbains avec élégance et rapidité.
CONFORT ET ERGONOMIE 4/5
Difficile de faire plus simple qu’un Solowheel : la roue, une jante pleine chaussée de pneus Kenda en 16″ (gonflés à 2,8 bars dans notre cas), un carter en plastique teinté dans la masse extrêmement solide avec une poignée de transport intégrée, deux repose-pieds en aluminium, une prise pour la recharge, une diode lumineuse et un bouton de démarrage. Point à la ligne. L’ensemble est robuste, rassurant mais à la limite un peu trop simple. C’est pourquoi, sur notre version d’essai, nous disposions d’une poignée télescopique optionnelle, qui permet de tirer le Solowheel comme une valise à roulettes — plus facile si le moteur est allumé. L’idée est bonne et bien pratique au début mais, à l’usage, la tige télescopique vous généra plus qu’autre chose en plus de venir frotter contre votre mollet si vous vous tenez trop en arrière sur l’appareil.
Minimaliste, le Solowheel l’est aussi par sa signalétique. Sur l’appareil lui-même, la diode unique, que vous prendrez soin d’orienter vers l’avant, à droite, se contente de s’illuminer en vert lorsque la batterie est chargée entre 100 % et 25 %, passe à l’orange entre 25 % et 5 % (autonomie alors estimée à 2,5 km) et vire au rouge sous les 5 %. Croisez les doigts pour trouver un point de recharge d’ici les 500 prochains mètres. Si les zones orange et rouges ne posent pas problème, c’est surtout tout le secteur vert qui manque cruellement de précision. À moins de systématiquement recharger votre Solowheel lorsque vous ne vous en servez pas — ce qui n’est pas forcément bon pour l’accumulateur —, vous repartirez toujours avec une petite appréhension, ne sachant pas de quelle autonomie vous disposez réellement. Un afficheur à diodes multiples, ou à segments, aurait été plus approprié. Notez que le chargeur, avec ses deux diodes, n’est guère plus loquace. Autre problème : cette unique diode est plutôt mal positionnée, trop proche du centre de l’appareil, et délicate à consulter lorsque vous chevauchez la monoroue. Il faudra alors mettre pied à terre.
Il manque autre chose au Solowheel : un éclairage. Que ce soit pour voir devant vous lorsque la nuit tombe ou tout simplement pour signaler votre présence aux autres usagers des trottoirs et pistes cyclables, cette absence de lumières cantonnera, a priori, le Solowheel à un usage diurne. Mais après tout, rien ne vous empêche d’investir dans des feus de vélo ou un casque intégrant lui-même de quoi être lumineux…
En dehors de ces deux points noirs, qui valent au Solowheel sa cinquième étoile, le bilan confort et ergonomie est très positif. L’appareil est fiable, terriblement robuste — il faudra au moins cela pour survivre à vos chutes et aux erreurs de pilotage —, ne vous prend jamais en traître et, une fois la position idéale trouvée sur les repose-pieds, très confortable. Au point de faire oublier ses 11 kg, que vous rangerez d’ailleurs aisément à côté de vos chaussures ou dans un placard une fois rentré chez vous ou ailleurs.
CONDUITE 5/5
Louis de Funès — à moins que ce soit Eddy Merkx ou Ernesto Guevara — aurait pu dire du Solowheel qu’il est « comme la révolution : s’il n’avance pas, il tombe. » En effet, l’engin n’est pas vraiment amateur de la position stationnaire et vous l’apprendrez rapidement à vos dépens lors de votre apprentissage. Voici le nôtre.
Jour 1 : cachez donc cet engin de mort que je ne saurais voir, c’est un vrai carnage ! Les 10 premières minutes sont éprouvantes : où mettre ses pieds, comment les positionner, comment se tenir, comment ne pas tomber. Vous avez beau savoir que le moteur et le gyroscope sont là pour maintenir la stabilité avant-arrière, vous avez du mal à correctement gérer la stabilité latérale. Vous souffrez, vous abandonnez, vous recommencez, vous désespérez, mais une petite voix dans votre tête vous dit que, finalement, c’est comme le vélo : un jour, vous avez appris, vous êtes tombé, mais finalement, vous y êtes arrivé.
Jour 2 : la nuit a porté conseil. Vous ne filez pas encore comme le vent mais désormais, vous parvenez à monter sur l’appareil, en vous soutenant contre un poteau ou un ami et parvenez, à allure réduite, à avancer lentement. Vous avez encore un peu mal aux mollets et les muscles durs, donc vous alternez les séances de 10 minutes et les temps de repos d’un quart d’heure. Vous y arriverez, vous vous en faites la promesse, il en va de votre fierté et de votre liberté de circulation.
Jour 3 : décidément, la nuit, c’est chouette. Votre subconscient a eu le temps de compiler votre expérience naissante et voici que vous chevauchez le Solowheel sans appréhension. Vous vous aidez toujours de votre ami, qui court à côté de vous en vous tenant par la main, mais vous parvenez aisément à avancer en ligne droite. Rapidement, vous comprenez que vous serez plus efficace avec les jambes bien tendues, articulation du genou verrouillé, mais que cette position a pour défaut de vous faire rebondir dès que vous franchissez une aspérité de la route. Vous pliez les genoux, pour absorber le choc comme au ski et, miracle, ça passe !
Jour 4 : la vie et la ville n’étant pas une simple ligne droite, il va bien falloir apprendre à tourner. Pour ce faire, il faut regarder droit devant vous et vous laisser guider par votre regard. Dans un premier temps, vous opterez pour un terrain dégagé, très large, pour effectuer des demi-tours très amples. Ne succombez pas à la tentation de donner un coup sec avec vos pieds ou de trop tourner les épaules vers l’intérieur du virage, cela vous ferait perdre votre équilibre précaire.
Jour 5 : ça y est, vous parvenez à tourner et même, un peu, à slalomer. Comme pour le jour trois, vous comprenez que tout se fait grâce au poids que vous impulserez dans votre jambe, ce qui permet d’incliner la monoroue vers l’intérieur du virage. Vous êtes prêt, vous voilà parés pour les sorties citadines.
Jour 6 : vous êtes libre ! Vous circulez enfin sur les trottoirs et les pistes cyclables, certes pas encore avec l’aisance d’une ballerine mais cela ne saurait tarder. Au premier franchissement de trottoir, vous saisissez toute l’importance de bien serrer le Solowheel entre vos mollets, sans quoi vos pieds risquent de décoller légèrement et, avec l’élan, vous vous retrouverez sur l’avant du repose-pieds, position peu enviable. Au passage, vous abandonnez vos chaussures à semelle lisse et glissante pour préférer une paire avec beaucoup plus d’adhérence.
Jour 7 et suivants : vous volez, vous filez, libéré, délivré ! Franchir les bateaux n’est plus un problème tout comme grimper des dénivelés à 15 % et vous parvenez à anticiper les réactions des autres usagers des trottoirs et des pistes cyclables. Rapidement, vous vous rendez compte que les piétons sont de véritables dangers publics. Le trottoir leur appartient, certes, mais leur comportement anarchique et imprévisible vous agace au plus haut point : ils zigzaguent sans raison, ils s’arrêtent ou font demi-tour brusquement, ils ne regardent pas où ils vont, ils ne font pas attention à ce qui se passe au tour d’eux et, comble de malchance, la loi de Murphy fera toujours que vous serez obligé de les dépasser, ou que vous les croiserez dans le sens contraire, quand un rétrécissement de la voie adviendra. Ceci est d’autant plus agaçant que, le plus difficile en Solowheel, c’est de maintenir une allure lente et qu’il est quasiment impossible de rester debout en position stationnaire.
Vous prenez progressivement de l’assurance mais, pour autant, ne conduisez pas comme un fou, êtes prévoyant. Vous avez rapidement abandonné les protège-poignets et protège-genoux, voire le casque, mais roulez toujours avec des gants en cuir ou de vélo, ne serait-ce que pour protéger la pulpe des doigts lorsqu’il faudra s’appuyer à un mur un peu rêche. Les sensations sont bonnes, quelque part entre le vélo et le monoski. Vous évitez de vous pencher trop en avant pour accélérer brutalement, le couple généreux vous en dispense. Vous évitez également de vous pencher trop en arrière, vous préférez anticiper et, de toute manière, vous savez qu’un freinage trop violent mettra l’appareil en position de sécurité, avec bips et vibrations qui vont bien — et nécessité de redémarrer le Solowheel. L’arrêt pose toujours quelques problèmes et c’est souvent à ce moment-là que les chutes, très légères, adviennent, heureusement sans gravité. Parfois, il adviendra que vous perdiez le contrôle du Solowheel et qu’il file tout seul vers l’avant, mais jamais plus de trois mètres. Ne détectant pas de passager, il se couchera de lui-même sur le flanc, dans un grand fracas, ce qui sera l’occasion d’admirer une fois encore la robustesse de la construction.
Depuis quelque temps, vous n’avez plus besoin de vous soutenir à un support pour démarrer. Comprenant que tout est dans le poids impulsé dans votre pied directeur, vous parvenez à démarrer sur un seul pied et même, au besoin, à rouler sur un seul pied — ce qui ne sert à rien mais fait toujours son effet. Quelque part, vous vous sentez le roi du monde et vous aurez un peu raison : non pas roi, mais au moins précurseur. Et vous roulez, roulez, toutes les occasions étant bonnes pour sortir avec votre Solowheel.
AUTONOMIE 4/5
Officiellement, l’autonomie est annoncée à 20 km en ville pour un utilisateur de 75 kg, à 20°C, et un peu plus (24 km) avec un utilisateur de 55 kg. Étant plus proches du premier cas que du second, nous avons été enchantés lorsque nous sommes parvenus, par 10°C à l’air libre, à parcourir 18 km ; un « exploit » que nous avons répété plusieurs fois. Largement de quoi traverser Paris de Vincennes à la Défense. Bonus : la batterie se recharge (un peu) en descente et au freinage. Encore une fois, dommage que l’indicateur de charge soit aussi peu précis.
Solowheel, meilleur accessoire séduction de l’année
Indéniablement le Solowheel attire la sympathie. Pas un jour ne passera sans que vous fassiez tourner les têtes et, pour peu que vous soyez un minimum sociable, vous vous transformerez rapidement en VRP un peu malgré vous. « Je peux essayer ? » « Comment ça marche ? » « C’est sûr comme produit ? » sont autant de questions auxquelles vous serez rapidement rodés. Et si vous êtes célibataire et que vous comptiez acquérir une Lamborghini pour attirer l’attention, pour 100 fois moins cher un Solowheel fonctionne aussi bien. En plus, c’est écolo.
POINTS FORTS
Robustesse.
Fiabilité.
Couple généreux.
Stabilité.
Vitesse maximale : 20 km/h.
Autonomie mesurée : 18 km (en hiver).
Temps de charge d’une heure seulement.
POINTS FAIBLES
Indicateur de charge peu précis et mal positionné.
Pas de feu avant ni arrière.
Pas d’application mobile pour « monitorer » son Solowheel.
Repose-pieds trop courts de 2 cm.
CONCLUSION 4/5
Le Solowheel, c’est un peu comme le vélo : les premiers tours de roue sont délicats, pour ne pas dire vexants, mais la maîtrise vient en roulant, et avec elle, le plaisir et la satisfaction de se faufiler dans la ville. Assurément un très beau moyen de transport, fiable et robuste dans sa version 1500 W, auquel il ne manque que des feux de signalisation et un meilleur indicateur de charge. Nous frôlons de très près la cinquième étoile.
Source : Les Numériques – Bruno Labarbere