Thibaut Déléaz
Le Point – 10/11/2018
La multiplication de ces engins en partage pose des problèmes de sécurité, notamment vis-à-vis des piétons. D’autant qu’aucune règle n’est clairement établie.
Les trottinettes électriques ont déferlé en seulement quelques mois dans les rues des grandes villes françaises. Mais le cadre juridique autour de ces véhicules nouvelle génération reste flou. En attendant un véritable règlement sur le sujet, promis par le gouvernement à l’occasion de la loi d’orientation des mobilités, c’est la loi de la jungle qui prévaut. Avec pour conséquence une forte hausse du nombre de blessés à rollers ou en trottinette en 2017 : + 23 % en France, selon les chiffres de la Sécurité routière.
Alors quelles règles s’appliquent pour circuler à trottinette électrique ? Côté équipement, si le port du casque est bien évidemment fortement recommandé, il n’est pas légalement obligatoire. Dans le Code de la route, les trottinettes sont assimilées à des piétons et doivent donc circuler sur les trottoirs, à la vitesse maximale de 6 km/h.
Jusqu’à 135 euros d’amende
Pour les trottinettes électriques, c’est bien plus compliqué. En l’état actuel de la législation, elles n’ont en théorie pas le droit de circuler sur les voies publiques, trottoir compris. L’usager est alors tenté d’emprunter les pistes cyclables. Mais là aussi, si c’est toléré, cela reste officiellement interdit : le Code de la route les réserve « exclusivement » aux cycles, et les trottinettes, électriques ou pas, n’en font pas partie. Par ailleurs, tout véhicule qui dépasse les 25 km/h – comme c’est le cas de certaines trottinettes électriques –, doit être déclaré au ministère de l’Intérieur, qui lui attribue un numéro d’identification à faire graver sur l’engin et à faire figurer sur une plaque.
Ça, c’est pour la théorie. Dans les faits, beaucoup de trottiners , démunis face à ce flou juridique, roulent sur les trottoirs et mettent en danger les piétons. Ou roulent sur la chaussée, et se mettent en danger eux-mêmes. L’application Bird, qui propose des trottinettes électriques en libre-service, a choisi son camp : dès le démarrage, un guide de bonne conduite indique clairement à l’usager qu’il doit rouler sur la piste cyclable. Son principal concurrent Lime, le recommande également, même s’il faut descendre loin dans la FAQ de l’application pour le savoir.
Rouler sur les pistes cyclables, voilà peut-être la meilleure solution pour le moment, car continuer à occuper sur le trottoir pourrait coûter cher aux utilisateurs. S’attribuant le rôle de régulateur du bitume, la Mairie de Paris a décidé de passer à l’action, et indique désormais qu’elle « se réserve le droit de verbaliser les usagers de trottinettes circulant sur le trottoir et perturbant la circulation des piétons ». Montant de l’amende : 135 euros.
Stationnement gênant
Autre problématique : celle du stationnement. Bien souvent, les trottinettes électriques finissent au milieu des trottoirs et gênent la circulation des piétons. La présidente du groupe LR au Conseil de Paris, Florence Berthout, veut proposer un « code du trottoir » qui prévoit des « malus » pour les usagers ayant mal stationné leur engin.
Sur ce point aussi, la Mairie de Paris a assuré qu’elle pourrait verbaliser les stationnements gênants et même procéder à des mises en fourrière. Des emplacements spécifiques délimités par un marquage au sol, en test dans la capitale pour les vélos en « free-floating », le libre-service sans point d’attache, devraient être généralisés prochainement et étendus aux trottinettes.
Une première étape vers un renforcement des contraintes imposées aux opérateurs proposant du « free-floating ». La Mairie indique qu’elle « souhaite ouvrir le débat de la redevance », pour ces entreprises qui utilisent l’espace public pour leur activité commerciale.