Le Soir – 21/10/2015
Matthieu Percy
Avec l’aide d’un pionnier belge, nous avons testé le gyroroue, cet engin électrique à une roue qui, au prix d’un peu d’agilité, permet de se faufiler dans la circulation sous le regard médusé des passants.
« Après une heure, on maîtrise suffisamment l’engin pour pouvoir se déplacer plus ou moins ou on veut », assure Bruno Bovy, notre guide.
Après les trottinettes et autres segways, un nouveau mode de déplacement électrique tente de se frayer un chemin en Belgique : le gyroroue, plus communément appelé « solowheel », du nom du premier fabricant à avoir commercialisé ce genre d’engin. Avec son unique roue et ses capteurs gyroscopiques, il a de quoi étonner les passants l’apercevant défiler dans les rues jusqu’à un gros 20km/h, sans effort apparent. Si facile à manier ? Nous avons pu le tester, avec la complicité de Bruno Bovy, un des pionniers du solowheel en Belgique.
Nos premiers mètres sont plus qu’hésitants. A peine un pied posé sur la machine, on se demande comment le second va pouvoir atterrir sur le repose-pieds sans qu’on se retrouve les quatre fers en l’air. Premier essai : on s’élance, bien agrippé au bras de notre instructeur. Le plus difficile, c’est d’oser se pencher et de se détendre. Jusque-là, l’exercice consiste plus à ne pas tomber qu’à se déplacer. « Après une heure, on maîtrise suffisamment l’engin pour pouvoir se déplacer plus ou moins où on veut », assure notre guide. Ce n’est pas gagné…
Deuxième tentative. On attire les regards amusés et intrigués des passants. « Il faudrait que j’essaie ça, un jour », souffle un jeune homme à ses amis. Concentration. Le lancement est tout aussi délicat. Après, l’équilibre commence à venir. On lâche le bras qui nous soutenait – mais pas trop longtemps. Enfin, troisième essai, on se lance vraiment, seul, et l’on se voit déjà zigzaguer entre les piétons ou les voitures à l’heure de pointe… Mais la dure loi de la gravité nous ramène à la réalité : au moment de freiner, la machine tombe par terre et se ramasse une griffe – une de plus.
Ludique et pratique
Plus que la sensation de vitesse, c’est le côté ludique du solowheel qui transparaît, en plus de ses aspects pratiques. Une fois la machine maîtrisée (ce qui est loin d’être notre cas), elle présente en effet de nombreux avantages. Ainsi, son petit gabarit permet de se faufiler facilement entre les voitures et les piétons. Peu encombrants, ses dix à quinze kilos, selon le modèle, sont bien pratiques dans les transports en commun. Et avec ses 10 à 20 kilomètres d’autonomie, la gyroroue constitue une alternative intéressante pour les trajets urbains n’excédant pas les 5 km. Bon à savoir aussi : son temps de recharge oscille entre 1 et 4 heures.
Tenté ? Jusqu’à il y a peu, il fallait obligatoirement passer par le net pour acquérir un gyroroue. Depuis 3 semaines, il existe une boutique physique à Ixelles : Cityzen. « Nous souhaitions offrir un vrai point de vente, avec tous les services qui l’accompagnent », explique Manu Bekhor, gérant du magasin multimarque. Comptez entre 500 et 2500 euros pour acquérir une machine neuve.
Bientôt autorisé
Reste qu’actuellement, ce type d’engin pose un problème légal : « Il reste encore dans un vide juridique, explique Benoît Godart, porte-parole de l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR). La législation ne prévoit pas de véhicule lent à une roue. Un utilisateur peut donc être verbalisé s’il se trouve sur la voie publique. » Mais le gyroroue sera autorisé dès l’année prochaine, a déclaré tout récemment le cabinet de Jacqueline Galant, ministre fédérale de la Mobilité. Entre-temps, la tolérance semble être de mise et les incidents sont peu nombreux. « Quand la police m’interpelle, c’est pour me demander comment cela fonctionne », plaisante Bruno Bovy.