Le Point – 05/08/2015
Clément Pétreault, Fleur de Boer
De bien curieuses roues envahissent les rues de nos villes. La mode des monocycles électriques débarque en France. Émotions garanties.
Parisiens, vous en avez forcément croisé. Perchés sur une étrange machine, ils sillonnent les rues de Paris et slaloment entre poteaux et piétons. Sitôt aperçus, sitôt disparus. Les « wheelers » sont des urbains pressés, adeptes d’un nouveau mode de transport incongru : la roue (en anglais « wheel »). En matière de style, ce moyen de transport se révèle encore plus efficace que le bébé labrador : il suffit de stationner cinq minutes sur le trottoir pour qu’un attroupement de curieux se forme autour de cet objet fascinant.
La roue électrique a été inventée en 2011. Quatre ans d’existence lui ont suffi à s’installer dans les grandes villes. Le marché décolle avec des ventes exponentielles. Pour l’heure, environ 3 500 roues sont en circulation à Paris et plus de 30 000 en Europe. « Nous avons pour objectif de vendre 20 000 roues en France pour l’année 2016 », explique Olivier Mignot, directeur marketing de la société Ninebot France.
Le principe technique est relativement simple : alimentée par une batterie, la roue est stabilisée grâce à un moteur à champ magnétique qui lui sert aussi à avancer. L’utilisateur monte sur deux marchepieds et utilise la position de son corps pour contrôler ses déplacements. Les accélérations et le freinage sont fournis par le moteur. « Même s’il faut un petit apprentissage avant de l’utiliser, c’est un moyen de transport grand public. Car, à l’inverse d’un vélo, vous pouvez facilement transporter votre roue dans un bus ou un train », explique Vincent Bourdeau, PDG de Solowheel Europe.
Apprentissage obligatoire
L’apprentissage consiste à convaincre son cerveau de ne pas se laisser perturber par les informations contradictoires que lui envoient les yeux et l’oreille interne, l’organe chargé de l’équilibre. Et à en juger par les quelques mètres que nous avons pu parcourir sur une roue électrique, cette dissociation n’est effectivement pas spontanée, l’apprentissage n’est pas une option.
La réglementation assimile ce moyen de transport à un « accessoire pour piéton », sous condition de pouvoir être bridable à 6 km/h. Une directive européenne est en préparation afin de normaliser ces systèmes qui devront répondre à certaines normes de qualité et respecter certains usages. En attendant, ces appareils sont tolérés sur les trottoirs.
Ils le resteront vraisemblablement. Pour s’offrir une de ces machines diaboliques et rejoindre la communauté grandissante des « wheelers », prévoyez au moins 600 euros… et quelques frayeurs pendant l’apprentissage !