Les Echos – 21/12/2015
Jean-Philippe Louis
Dans une dizaine de cas, la planche électronique a pris feu sans raison apparente. La commission américaine en charge de veiller à la protection du consommateur recommande de ne pas acheter le produit n’importe où.
Chaque année, avant les fêtes, un objet plus ou moins révolutionnaire fait son apparition dans les rayons. On parle alors de phénomène « cadeau de Noël ». En 2014, c’était les drones. En 2015, ce sont les « hoverboards », des planches électroniques qui, à la différence du skate volant du film « Retour vers le futur » , rappelle surtout un Segway qui aurait perdu ses bras.
Mais le produit star des fêtes pourrait tomber de son piédestal. La machine aurait en effet une fâcheuse tendance à prendre feu sans raison apparente. Et les autorités américaines ont lancé une enquête.
Les distributeurs comme Amazon.com ou Target aux Etats-Unis, ont retiré l’objet des ventes en attendant d’en savoir plus sur cette planche adorée des adolescents.
L’administration des postes des Etats-unis est allée plus loin : désormais les hoverboards transportant une batterie au lithium ne seront plus autorisés à être transporté par avion pour des livraisons. Car, dans la douzaine de cas de combustion spontanée de l’hoverboard, la batterie lithium semblait tenir une grande part de responsabilité.
Embouteillage sur le marché
Les hoverboards faisaient déjà l’objet de craintes des autorités. Utilisé dans les villes, il convenait de savoir si l’objet pouvait être piloté sur les trottoirs ou dans la rue. En angleterre, un adolescent est décédé lors d’une collision avec un bus alors qu’il se tenait sur sa planche. En France, certaines municipalités envisagent même de l’interdire de ses agglomérations.
Pour ce marché qui surfait sur un emballement médiatique considérable – notamment sur Internet où de nombreuses stars s’affichent avec l’hoverboard – c’est une première douche froide en pleine période des fêtes. La confusion dans ce marché a été, de plus, amplifiée par l’apparition de nombreuses petites compagnies vendant l’objet. Certaines y accolent même leur nom : « Les acheteurs peuvent même trouver des hoverboards à petits prix directement via des fournisseurs chinois où sur eBay », détaille The Wall Street Journal.
Ne pas charger toute la nuit
Du coup, pas de référents, peu de traçabilité, pas de sensibilisation à la sécurité et l’impression que cette planche électronique pouvant aller jusqu’à quelques dizaines de km/h – 16 pour certains -, peut se vendre dans le bazar du coin. La Consumer Product Safety Commission (CPSC) qui mène donc l’enquête sur la combustion des planches n’a pas nommé le fabricant des hoverboards concernés, mais peut-il vraiment le faire, tant la fabrication est opaque.
Comme nous l’indiquions dans notre test, la fabrication de l’hoverboard est assez rudimentaire et les composants basiques : un moteur électrique, une batterie au lithium et des gyroscopes comme on en trouve dans les smartphones (composants qui fait que l’écran d’un téléphone bascule à l’horizontale quand on le penche).
Pour l’instant l’autorité américaine recommande simplement de ne pas charger l’appareil toute la nuit et conseille d’éviter d’acheter le produit dans n’importe quel magasin ou sur des sites où l’origine du produit est difficile à tracer.