Adrien Max avec M.C
20 Minutes – 24/01/2019
La trottinette électrique débarque à Marseille, après des expériences douloureuses dans d’autres villes et un total flou juridique sur ses conditions de circulation…
La société Lime déploie actuellement une flotte de trottinettes électriques à Marseille, qui devrait se porter à 500 prochainement.
La ville a signé une charte afin d’encadrer leur utilisation, même si un vide juridique demeure. Marseille est la ville de France où il y a le plus grand nombre d’embouteillages, et ne dispose que de très peu de pistes cyclables.
L’annonce a été faite il y a quelques jours, et les engins sont dispersés dans le centre-ville depuis dimanche. La ville de Marseille a signé une convention de déploiement de trottinettes électriques avec la société Lime, l’un des leaders mondiaux du marché, qui a déjà investi Paris. « Une nouvelle forme de mobilité dans la deuxième ville de France », se réjouit la municipalité dans un communiqué envoyé à la presse.
Si 150 trottinettes ont été installées dès dimanche, 250 arpentent désormais les rues de la deuxième ville de France. « Nous avons voulu procéder à un déploiement progressif afin que les Marseillais s’habituent au service », explique Jean-Luc Ricca, adjoint en charge des transports à la mairie. Au total, près de 500 trottinettes seront installées.
1.300 trajets en une journée
Les Marseillais semblent avoir déjà adopté ce nouveau mode de transport puisque sur la seule journée de mardi, 1.300 trajets ont été réalisés par 700 utilisateurs, pour 200 trottinettes en circulation. Mais ce succès soulève des interrogations quant à l’utilisation des engins.
C’est pourquoi une charte a été adoptée par la mairie lors du dernier conseil municipal. « Celle-ci prévoit par exemple le ramassage de chacune des trottinettes entre 20h et 22h tous les soirs par la société pour des raisons de sécurité, avant d’être réinstallées le matin entre 5h et 7h », détaille l’adjoint. Le service devrait cependant être étendu plus tard lors de la période estivale, notamment les vendredis et samedis soirs.
La question des pistes cyclables
Cette charte « définit également leurs modalités d’utilisation », explique Jean-Luc Ricca. Sans détailler d’avantage son contenu, même si la sécurisation des piétons semble être une priorité. Une loi est d’ailleurs prévue d’encadrer leur utilisation alors que plusieurs villes, comme Bordeaux, ont connu de nombreux accidents lors du déploiement du service. « On nous proposait une solution alternative pour des modes de transport doux, nous n’allions pas attendre que la loi soit promulguée, ce qui pourrait n’intervenir qu’en juillet, au mieux », se justifie l’élu.
Si leur utilisation est préconisée sur des pistes cyclables, celles-ci se limitent à 35 km à Marseille. De quoi inquiéter Philippe Buffard, vice-président de Vélo en ville. « Les pistes cyclables, encore faut-il qu’il y en ait. Déjà que les vélos roulent à tort sur le trottoir car ils ont peur sur la chaussée. Les trottinettes vont en faire de même, en toute impunité car il y a un vide juridique, ça va faire des conflits avec les autres usagers. »
« La ville de France où il y a le plus de véhicules »
« Il y a une très forte volonté de développer des pistes cyclables de la part des maires de secteurs afin d’apaiser le centre-ville, se veut rassurant Jean-Luc Ricca. J’étais réticent à titre personnel sur leur installation, mais nous sommes dans la ville de France où il y a le plus de bouchons. Leur installation va également vers ce but d’apaisement. »
La présidente de la métropole Martine Vassal doit prochainement lancer un plan vélo, avec la création de pistes cyclables dont pourront bénéficier les utilisateurs de ces trottinettes.