Camille Suard
Journal du Geek – 14/03/2019
La Kugoo S1 est une trottinette électrique d’origine chinoise dotée de trois vitesse facilement transportable et autonome à moins de 300 euros. Mais à ce prix, quels en sont les sacrifices ?
Je ne vous apprends rien, les trottinettes électriques ont envahi les rues de la capitale ainsi que toutes les autres grandes villes françaises à une vitesse folle. Tellement rapide, que la législation peine encore à trouver un cadre satisfaisant et définitif pour ses utilisateurs et les autres. Outre les services de location laissant périr derrière eux des nombreux cadavres de ces engins sur les trottoirs, il est possible de devenir l’heureux propriétaire de l’un de ces moyens de locomotion citadins. Plusieurs marques ont profité de ce marché florissant et il est désormais possible de s’en procurer une sans pour autant y laisser un bras. C’est le cas de la Kugoo S1 qui se place en concurrente de la célèbre M365 de Xiaomi.
Le moteur de 350 W se situe dans la roue avant et un amortisseur a été placé aussi des deux côtés. En ce qui concerne les contrôles on peut compter sur des gâchettes facilement accessibles en un coup de pouce : à gauche pour accélérer, à droite pour freiner. Ce dernier repose sur le moteur, un second placé au-dessus de la roue arrière permet d’être actionné facilement et sans électromagnétisme, en appuyant simplement avec son pied. Ça dépanne, mais on ne va pas se mentir ça n’apporte pas un résultat particulièrement très fiable…
Entre les deux poignets de l’appareil il y a un écran LCD affichant toutes les informations pratiques et nécessaires pour la conduite : vitesse en km/h, tension instantanée de la batterie, la durée de votre voyage en cours, le nombre de km effectué avec celui-ci et total, l’indicateur du niveau de batterie.
Les pneus en gomme dure sont increvables, car pleins. C’est une excellente chose, vous ne risquez pas de vous laisser surprendre par une quelconque crevaison ou un caoutchouc tout ramolli. Si ça libère l’esprit de ce côté-ci, un autre problème s’impose : l’inconfort lors de la conduite.
En dessous on trouve des petits boutons à pressions accompagnées de pictogrammes pour bien les reconnaître : le klaxon, le changement de vitesse, l’activation ou désactivation des phares. Mais quand vous êtes sur la route, difficile de les atteindre sereinement, il faut être sûre de les avoir bien mémorisés en amont… leur accès n’a rien de naturel. La batterie se cache à l’intérieur de la planche sous nos pieds et le port pour la recharge dans la barre, comme de nombreux autres appareils de ce genre.
La trottinette est facile à transporter : elle est à la fois pliable et très légère, avec ses 11 kg. Il suffit d’appuyer sur la petite pédale violette placée à la jointure entre le plancher et le guidon, et de venir coincer la barre dans le pare-chocs arrière. Les poignets peuvent-ils aussi se plier, histoire de gagner encore plus de place. Pas de bol, à l’heure où j’écris ces lignes, ce dernier n’est plus, je vous expliquerai un peu plus loin pour quelle raison. La trottinette Kugoo S1 a la capacité de transporter jusqu’à 120 kg. Son guidon s’ajuste pour s’adapter à toutes les tailles : 930 mm, 1070 mm ou 1160 mm. Elle profite aussi d’une petite béquille pour la maintenir rapidement debout.
Fonctionnalités et autonomie
Elle n’est pas étanche, elle ne bénéficie d’aucun certificat et quand on la regarde de plus près on se rend bien compte qu’il ne vaut mieux pas jouer avec le feu. Ou avec l’eau. Pleines d’ouvertures, la pluie et les éclaboussures ont de quoi se frayer un chemin pour atteindre les composants et mettre à mort la trottinette.
Il ne s’agit pas d’une trottinette connectée : pas de connexion Bluetooth, Wi-Fi ou d’application. Au moins, on ne vous la piratera pas ! Cependant on peut personnaliser sa conduite avec les boutons. En appuyant longuement on active ou désactive le démarrage avec élan, mais aussi changer la vitesse de pointe. Le constructeur parle de trottinette personnalisable, il ne faut pas exagérer non plus, cela reste très limité et surtout de l’ordre de l’anecdotique. Si vous souhaitez la bidouiller, il va falloir mettre les mains dans le cambouis.
La Kugoo S1 embarque une belle batterie endurante de 30 km maximum. En moyenne, je pouvais tenir plus de 20 km avec une charge, sans pour autant faire attention à ralentir ma vitesse et en effectuant plusieurs voyages. C’est vraiment un excellent point et un atout face à la concurrence qui va difficilement dépasser les 15 km par charge. Bref, on peut compter sur elle pour ne pas nous faire faux bond. Pour la recharger complètement il faut cependant patienter 4 heures.
La vitesse et les freins
Trois vitesses sont disponibles allant chacune au maximum à 15 km/h, 25 km/h et 30 km/h. Je trouve cela dommage qu’on ne puisse pas repasser de la seconde à la première : il faut nécessairement faire une halte sur la troisième.
Quand la batterie est à fond, on atteint facilement les pics de vanté par le constructeur : pas besoin d’être débridée et la vitesse affichée sur le cadran paraît tout à fait cohérente. J’ai essentiellement roulé sur du plat, mais la sensation de vitesse est au rendez-vous. L’accélérateur et le changement de vitesse donnent une petite impression d’impulsion. Par contre, dès que vous êtes sur une pente, aussi légère soit-elle, les limites se font vite sentir.
Les freins ne garantissent pas une précision efficace. On peut parfois se faire surprendre, car le frein moteur ne réagit pas toujours de la même manière en fonction des situations. Et même sur deux situations semblables, c’est un peu la roulette russe ! Autant vous dire qu’il ne faut pas avoir trop peur et compter encore plus sur sa réactivité. Exemple : j’ai souhaité freiner assez rapidement deux fois au cours d’un voyage. Gardant une vitesse constante, je me suis laissée surprendre la deuxième fois, car je pensais que l’engin s’arrêterait aussi vite que la première fois… résultat, proche du trottoir, j’ai sauté sur ce dernier pour éviter une chute. La Kugoo S1 a perdu son parechoc. Plus de peur que de mal, mais ça n’a pas réussi à me réconcilier avec ma première impression. Il faut donc anticiper !
L’inconfort de la conduite
Comme pour n’importe quel autre véhicule, le secret reste la confiance en soi, ne faire qu’un avec l’appareil et beaucoup de vigilance. Car on se sent vraiment vulnérable sur cette trottinette, plus que sur d’autres modèles plus robustes. Elle est légère et donc facile à transporter, mais ça donne une impression de fragilité, presque de jouet. Cela ne s’arrange pas une fois en route, le guidon entre les mains.
Je vous parlais des pneus pleins et des amortisseurs un peu plus haut, on ne peut pas dire que cela ajoute du confort à l’expérience. Sur une route parfaitement lisse, pas de problème, mais pour avoir traversé plusieurs quartiers parisiens ces dernières semaines avec, il arrive bien trop souvent que la balade se transforme en calvaire. Les pavés, même lisses et petits, les vieilles routes mal goudronnées, les graviers, le sable… la trottinette ne nous préserve pas des vibrations et petits obstacles. C’est désagréable et en plus, ça fait beaucoup de bruit notamment avec la pare-choc arrière qui vient taper contre la roue. Au moins, on se fait remarquer.
La planche sous nos pieds faite de métal ne comporte qu’une fine bande servant de grip. Il aurait été bienvenu que celle-ci recouvre davantage cette surface, car pour l’avoir essayée après une averse et donc les pieds mouillés, on a tendance à glisser.
NOTRE AVIS
La Kugoo S1 est une trottinette électrique que j’ai envie de qualifier d’appoint. Pour moins de 300 euros elle apporte praticité pour des petits voyages en ville. Elle a l’avantage d’avoir une belle autonomie et d’être facilement transportable. Mais guère plus : son manque d’étanchéité, sa conduite inconfortable et son système de frein bien trop capricieux m’empêche de vous la conseiller pour faire remplacer votre vélo et faire des trajets longs.