Sciences et Avenir – 05/08/2015
Erwan Lecomte
Mais comme on s’en doutait, ce prototype mis au point par Lexus présente deux limitations majeures : il ne fonctionne qu’au dessus d’une piste aimantée et son autonomie est très limitée.
SUPRACONDUCTION. Après avoir savamment entretenu le suspense pendant plusieurs semaines, le constructeur automobile Lexus a finalement tenu sa promesse en dévoilant ce mardi 5 août 2015, son prototype d’hoverboard. Un skateboard dépourvu de roues, capable de faire léviter son utilisateur à quelques centimètres au dessus du sol. La dernière vidéo publiée par le constructeur montre une séance de test de cet appareil baptisé « Slide » sur un skatepark de Barcelone.
Dans un communiqué, Lexus explique que cet appareil est le fruit de 18 mois de travail, réalisés en partenariat avec les chercheurs de l’IFW (l’Institut de recherche de Leibnitz pour la recherche sur les états solides et les matériaux) et ceux de l’entreprise allemande Envico, spécialisée dans la fabrication de supraconducteurs. Comme nous le supposions dans les articles précédents consacrés à cet hoverboard, l’appareil ne fonctionne qu’au dessus d’une surface aimantée prévue à cet effet.
Pour réaliser cette vidéo, les équipes techniques ont en effet dû installer 200 m de piste magnétique. Y compris sous la surface des pédiluves que survole le skate. Quant à la fumée blanche qui s’échappe de l’hoverboard, elle est bien due au dispositif de refroidissement à l’azote liquide.
Le procédé exploite en effet les propriétés de matériaux supraconducteurs. Ces derniers se caractérisent par leur absence de résistance électrique (ils n’opposent aucune résistance au passage du courant). Lorsque de tels matériaux sont portés à une température suffisamment basse (-195°C), ils génèrent alors un puissant champ magnétique suite à un phénomène physique complexe appelé effet Meissner. Et ce champ magnétique, combiné à l’effet des aimants dissimulés sous la piste produit une force capable de faire léviter la planche. Le principe est bien illustré dans la série d’expériences suivantes:
En revanche, comme on peut le voir, l’effet cesse lorsque le supraconducteur se réchauffe et perd alors ses propriétés. Autrement dit, le skater ne peut utiliser sa planche que pendant quelques dizaines de secondes, avant de devoir de nouveau remplir ses réservoirs d’azote liquide. Un liquide délicat à manipuler car pouvant occasionner de graves brûlures. On comprend donc mieux pourquoi Lexus précuse que cet hoverboard n’est qu’un prototype (participant à une campagne de publicité pour la marque) et qu’il ne sera pas commercialisé.
Pour s’affranchir de ces contraintes techniques (nécessité d’utiliser une piste aimantée et remplissage fréquent du réservoir d’azote), l’alternative technique consistait à équiper la planche d’hélices capables de la faire léviter. Fin mai 2015, nous vous avions d’ailleurs présenté une spectaculaire machine de ce type, avec laquelle son concepteur a établi un record de distance au dessus d’un lac. Un tel dispositif, bien qu’il soit délicat et très dangereux à piloter (d’où l’intérêt d’un test au dessus d’un lac) présente toutefois l’avantage de fonctionner au dessus de n’importe quel terrain.