20 Minutes – 26/10/2015
Fabrice Pouliquen
SÉCURITÉ ROUTIERE Les Parisiens se sentent plus en danger en tant que piétons que le reste des Français. Et les dangers ne viennent plus seulement des voitures et de la chaussée…
Paris, un cauchemar pour les piétons ? 91 % des Parisiens se disent plus vulnérables à pied que lorsqu’ils circulent en voiture ou en deux-roues motorisés, selon une étude* réalisée par Opinonway pour l’assureur MMA et révélée en exclusivité par 20 Minutes. Les chiffres de la préfecture de police de Paris leur donnent raison. En 2013, dernier bilan connu, les piétons représentaient 33 % des blessés graves à Paris, devant les motards 22 %. Et de 2002 à 2012, les piétons sont chaque année arrivés premiers de ce triste classement.
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« Trop de motos et de scooters sur les trottoirs »
Le principal danger reste la chaussée où le piéton ne fait pas le poids face aux camions, voitures et autres engins motorisés. Mais est-il encore le roi sur les trottoirs ? « De moins en moins », peste Jean-Paul Lechevallier, président du Droit des piétons. L’association en a fait son cheval de bataille ces dernières années à Paris : la reconquête d’espaces réservés à la circulation à pied. Les adversaires sont multiples. « Il y a les terrasses de café qui débordent, un excès de mobiliers urbains et désormais des pistes cyclables tracées sur les trottoirs lorsque la ville considère qu’il n’y a pas de place sur la chaussée », liste-t-il.
Mais ce qui agace le plus Jean-Paul Lechevallier, ce sont les véhicules motorisés qui empiètent de plus en plus sur le périmètre des piétons. Pour l’illustrer, l’homme donne rendez-vous rue de la Sorbonne, devant un parking pour deux-roues improvisé sur le trottoir et même validé par un panneau de la mairie. « C’est interdit, insiste-t-il. Pire, il n’y a aucun accès prévu jusqu’aux places de parking et les scooters et motos roulent alors sur le trottoir pour les atteindre. » Le président du Droit des piétons l’assure : « ces parkings 2 roues improvisées pullulent à Paris ».
Et s’il fallait craindre les gyropodes ?
Ce Noël, une autre menace pointe son nez. Son nom ? Le gyropode, un véhicule électrique monoplace constitué d’une plateforme munie de deux roues sur laquelle l’utilisateur se tient debout. Le Segway, avec son manche, est sans doute le plus connu de la famille. Il est commercialisé depuis 2001 en France, mais son prix élevé en a limité l’expansion sur les trottoirs parisiens. « Plus que les particuliers, nous visons les entreprises ou des loueurs qui proposent de découvrir la capitale en Segway », précise Olivier Pablo, directeur commercial de Segway France.
Mais les monoroues et les mini-gyropodes arrivent sur le marché. Ils sont bien moins chers et donc plus accessibles aux particuliers. « Ce sera le carton du Noël à venir, assure Vincent Bourdeau, directeur de Solowheel Europe. D’ailleurs, Décathlon s’est mis à en vendre. »
« Leur place est sur les pistes cyclables »
Ces engins peuvent atteindre 22 km/h, voire plus s’ils sont débridés, et il n’est pas obligatoire de suivre une formation pour les acheter. Les vendeurs se veulent rassurants : « il n’y a jamais eu d’incidents répertoriés et personne ne roule à 22 km/h sur les trottoirs ». Mais ont-ils seulement le droit d’être sur les trottoirs ? « Comme les trottinettes, les gyropodes sont interdits sur la chaussée mais tolérées sur les trottoirs en dessous des 6 km/h », indique la préfecture de Police de Paris. « Ce n’est pas ce que dit le Journal officiel, répond le président du Droit des piétons. Il définit les gyropodes comme des véhicules motorisés. Et les véhicules motorisés n’ont pas le droit de circuler sur les trottoirs. » Même s’il adore ces nouveaux engins, Jean-Paul Lechevallier estime que leur place est sur les pistes cyclables.
*«Etude réalisée en ligne par OpinionWay pour MMA, du 21 au 29 septembre 2015, auprès d’un échantillon de 1001 individus, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus selon la méthode des quotas et d’un sur-échantillon de 900 habitants de grandes agglomérations.»